Les signes physiques de la peur dans l’eau

Les fondateurs de la méthode « Le pied dans l’eau » ont mis en lumière, à partir de leurs multiples expériences de terrain, tout un cortège de signes physiques de la peur dans l’eau. Comme si le corps exprimait les croyances qui nous habitent, alors que cette peur est parfois niée ou mal identifiée dans le discours. Certaines personnes ne peuvent pas nommer leur peur. Peut-être parce que celle-ci reste un sentiment peu avouable dans notre culture. Elles ont tendance à nier leur peur et à ne voir dans leur gêne dans l’eau qu’un manque de compétences. Elles viennent nous voir en disant « Je n’ai pas peur mais … » :

•    « je suis très tendu(e) et ne peux pas respirer quand je nage »

•    « je ne peux pas mettre mon visage dans l’eau »

•    « je ne peux pas aller dans le grand bain »

•    « je dois toujours nager et ne peux pas m’arrêter là où je n’ai pas pied »

•    « je ne supporte pas que d’autres personnes s’approchent de moi dans le grand bain »

•    « je n’ai pas de plaisir à nager »

En fait, ces personnes ont peur. Les gênes énoncées, ci dessus, ne sont que les symptômes de ces peurs. Il peut arriver que des personnes, des hommes notamment, mettent longtemps, pour réaliser qu’ils ont tout simplement… peur. Parfois le sentiment de peur est tellement inavouable, honteux que l’on n’arrive même pas à le dire, même si cela peut nous mettre en danger. La peur induit des comportements qui vont du passage en force dans le grand bain à l’impossibilité de quitter les pieds du sol. Ils vont de la violence que l’on s’inflige pour réaliser un exploit et faire comme les autres, à la douloureuse inhibition de ne pouvoir lâcher la main du bord.
À force de courage et de volonté, certaines personnes arrivent à apprendre à nager une technique de nage. À ce moment, ces personnes confondent fréquemment : « Je peux le faire » avec « Je n’ai pas peur, je suis à l’aise ». Souvent, elles nagent la tête hors de l’eau, si tendues qu’elles anesthésient du même coup leurs sensations et leurs émotions. Dans l’eau, elles sont en fait sous stress permanent et à la merci du premier obstacle ou de la première crampe venus.

La peur génère des réactions physiologiques aussi brutales qu’invalidantes. Par exemple, pour une personne qui ‘nageote’ là où elle a pied et qui soudain pense qu’elle n’a peut-être plus pied, à cette seule pensée, son rythme cardiaque s’accélère et son rythme respiratoire s’emballe. La personne se trouve alors littéralement asphyxiée en quelques secondes, entre dans une tension musculaire extrême. L’intensité de ces peurs peut engendrer également une perd de lucidité bloquant notre capacité de raisonnement, créant un état de confusion mentale et parfois une incapacité totale de réaction. Cela peut aller jusqu’à la crise de panique et le malaise. Toutes ces réactions sont engendrées par la peur de mourir maintenant, étouffé dans l’eau : noyé.

Pour certaines personnes nager suscite une peur tellement forte qu’elles ne peuvent pas évoluer sans flotteur ou bouée. D’autres ‘nageotent’ pleines de tensions et raides ou oppressées, la gorge serrée, le plexus et l’estomac noués. Ou bien parfois même elles vont se déplacer dans le grand bain, mais avec la tête hors de l’eau et en ayant peur de devoir s’arrêter de nager, parce qu’un autre nageur leur couperait la route ou parce qu’une crampe pourrait surgir alors qu’elles n’ont pas pied – dans leur imaginaire, ces évènements les feraient couler à pic. D’autres personnes auront des sensations de froid excessives, généralement accompagnées de tremblements, les larmes aux yeux, surtout si ces peurs font revivre des souvenirs d’enfance et de vulnérabilité, enfouis et oubliés.

Il est important de se sentir dans un environnement sécurisant pour apprivoiser sa peur dans l’eau tout en douceur. Accepter que l’on a peur et accueillir les émotions qui surgissent, même quand elles sont inconfortables, est une façon de se donner les moyens lâcher notre blindage pour pouvoir enfin nous détendre.

Nous verrons dans un autre article comment faire et pourquoi c’est le seul moyen de percevoir la réalité et notamment de sentir que l’on flotte. Ce n’est que comme cela que vous pourrez changer radicalement votre comportement dans l’eau.